browser icon
You are using an insecure version of your web browser. Please update your browser!
Using an outdated browser makes your computer unsafe. For a safer, faster, more enjoyable user experience, please update your browser today or try a newer browser.

Nord Est du Laos, Xieng Khuang et la plaine des Jarres. Une région toujours affectée.

Posted by on 21 janvier 2012

Après Luang Prabang, nous reprenons la route en direction du Sud pour redescendre petit à petit vers le Cambodge. Nous faisons une halte de 2 jours à Phonsavan afin de principalement découvrir la plaine des Jarres et finalement en apprendre énormément sur cette région qui fût réellement touchée durant la guerre.

Tout d’abord, nous souhaiterions revenir sur un sujet dont nous avions déjà parlé dans un récit précèdent, concernant les UXO, unexploded ordonance. Ces fameuses bombes qui continuent de mettre le pays dans une situation très difficile.

Lorsque l’on évoque le Laos, nous ne pensons pas tout de suite à la guerre et ses ravages. Les guerres qui ont touché l’ancienne Indochine nous font plus facilement évoquer le Vietnam et le Cambodge.
Le pauvre Laos a bien subi les foudres de La « guerre secrète » entre 1964 à 1973 et reste le pays oublié de ces combats.

Durant la guerre du Vietnam, le Laos fût bombardé durant 9 ans. Il ne faisait pas partie du conflit de la guerre du Vietnam et pourtant, il reste aujourd’hui, le pays le plus bombardé au monde. La région où nous nous trouvons, Xieng Khuang, fût la plus sévèrement touchée. Le Laos détient des tristes records avec plus de 2 millions de tonnes déversées par les avions américains. Plus de 30 % de ces bombes n’ont pas explosé et sont donc devenues un danger, caché, et prêt à tuer si qqun a le malheur de tomber dessus.

La région du Nord du Laos ainsi que le Sud-Est ont été les cibles des chasseurs US. Mais pourquoi ?
La région du Nord, principalement communiste était une région potentiellement dangereuse et prête à soutenir la partie aussi communiste du Vietnam en guerre contre les USA.
La partie sud est une route importante et des voies de communication avec Ho Chi Minh. Donc un point stratégique qu’il ne fallait pas laisser accessible et en fonction.
De plus, lorsque les avions US ne pouvaient atteindre leur cible au Vietnam pour diverses raisons, lors de leur retour sur les bases militaires installées en Thaïlande, ils larguaient automatiquement leurs missiles sur le Laos car les avions partant chargés, ne pouvaient atterrir avec des missiles… . Le Laos servait alors de « décharge explosive » pour délester les avions de leurs charges non utilisées.

Les USA pouvaient, sans se soucier, bombarder le Laos, ils n’avaient aucune troupe dans le pays.
Le pays a énormément souffert durant 9 ans et il continue de souffrir aujourd’hui et pour encore bien des années.
Les UXO sont une véritable plaie ouverte ici, lorsque nous vous parlions des routes et du développement général du Laos dans notre dernier récit en vous expliquant qu’il y a peu de connexions routières, peu de développement en dehors des villes etc… . On peut donc aisément le comprendre. Le pays est tout simplement miné de partout et il est difficile et surtout dangereux pour les gens ici de pouvoir vivre normalement.

Les paysans sont les plus touchés et l’agriculture ne peut se développer normalement au Laos. Le danger de tomber sur une bombe non explosée est véritable et nombre de paysans tués ou mutilés est terrible. Les UXO sont donc responsables du retard du développement. La plupart des agriculteurs, possédant des terres, ne peuvent pas ou plus les exploiter. Le développement des routes est complètement ralenti car chaque coup de pelleteuse peut être fatal à son conducteur. Chaque année, plusieurs organisations, dont le MAG (mines advisory group) que nous avons visité aujourd’hui, travaillent sans relâche pour décontaminer les villages. Ils doivent souvent intervenir plusieurs fois à la même place car avec les moussons, les bombes sont en constant mouvement dans le sol. Une histoire sans fin pour les habitants des zones touchées.

De plus, les enfants sont fortement exposés. Les bombes se trouvent sous plusieurs formes. Il y a les Cluster Bomb. Ce sont de grands missiles qui en vol, s’ouvrent, déversant des milliers de petites mines remplient d’explosifs et de petites billes histoires de faire vraiment de gros dégâts. Les autres mines ont des formes d’ananas. Il y a aussi les véritables missiles, de forme cylindrique et relativement longs qui eux contiennent de grosses charges explosives.

Les enfants sont souvent attirés par la forme et la couleur , souvent jaune, des mines. Ils les prennent pour des balles et jouent avec. Ils ne les craignent peu car ces objets font partie du quotidien des Laotiens. En effet, une économie s’est développée avec le recyclage des UXO. Il n’est pas rare ici de voir des pots de fleurs, des cendriers, des barbecues, ou autres objets fait directement à partir d’anciennes bombes. Les villageois les recyclent beaucoup, les enfants sont donc habitués à les voir autour d’eux.

Les dégâts sont terribles sur les plus petits. Si ils s’en sortent, ils mettent plusieurs heures pour rejoindre l’hôpital le plus proche. Arrivé à l’hôpital, il est souvent trop tard.

Les hôpitaux ne sont pas tous aussi bien équipés. Manque de moyens, coupures d’élécrticité et il faut aussi que l’hôpital dispose de réserve de sang pour pouvoir transfuser le patient. Vous imaginez donc bien que la situation est difficile dans les villages pour ces habitants. Les personnes handicapées, mutilées par les éclats de mines y sont en grand nombre. La rééducation ne sera possible que dans les grandes villes et tout cela a un coût. Heureusement, il existe bien sûr des organisations qui se battent pour apporter une aide aux gens démunis.

Le pire dans tout cela, et de se demander pourquoi une telle horreur ? Le but principal de ces bombes n’est pas de détruire une position stratégique ennemie ou un véhicule blindé mais bien de tuer ou mutiler un être humain.

A en croire les organisations locales et internationales, il faudra encore 150 ans pour nettoyer le Laos de ses UXO. 80 millions de bombes contaminent le pays. 44% de la population vit avec moins de 1.25 US dollar par jour et 70 % de la population vit dans les zones rurales avec comme voisinage, ces bombes toujours prêtes à exploser et qui terrifie le paysan qui part au champs.

On peut donc plus facilement comprendre pourquoi le Laos a tant de peine à se développer et aussi se faire une idée sur ce problème énorme car lorsque l’on évoque le Laos, on ne peut imaginer une telle situation. Il reste oublié et ce problème bien mal connu.

Pour reprendre la suite de notre récit, nous avons vraiment été touché d’apprendre tout ça et nous avons eu un grand intérêt à découvrir la région du Nord-Est et son histoire.

En parlant histoire, nous avons visité la pleine des Jarres. Un grand nombre de sites, passablement distant les uns des autres, comptent de mystérieuses Jarres. Certaines peuvent atteindre plus de 2 mètres de haut et pèse bien quelques tonnes. Il y a deux variantes de l’origine de ces Jarres.

La première histoire est celle des locaux qui pensent que ces dernières servaient à faire du whisky pour les dieux et ainsi leur demander divers faveurs. La deuxième est celle des archéologues qui prétendent que ces Jarres servaient de « pierres tombales ». Ils ont retrouvé des cendres humaines ainsi que divers objets enterrés autour de ces dernières.
C’est endroit serait donc plus un cimetière qu’un lieu pour faire la fête et boire du Whisky…

En tout cas, ce fût très impressionnant de voir toutes ces Jarres (env. 130 sur un seul site) et de s’imaginer quelles ont été produites à environs 10 kilomètres plus à l’Est, puis transportées sur les différents sites. Mais comment…. ???

Nous nous sommes ensuite rendus à la carrière où ils prélevaient la roche. Là, nous avons fait une petite balade et avons grimpé environ 700 marches pour atteindre le sommet d’une colline.
Une fois en haut, nous avons pu découvrir un tunnel servant de cachette lors de la guerre d’Indochine. Impressionnant de se faufiler dans ces galeries.

Le 19 janvier 2012, direction le Sud, Paksan.

« la route est en très mauvais état, c’est souvent un camion qui fait le transport et non un bus… » voilà ce que nous avions entendu concernant le trajet entre Xieng Khuang et Paksan. Pourtant peu de kilomètres séparent ces deux villes, mais effectivement la route est mauvaise…

Nous sommes partis à 8h du matin pour théoriquement 6h de trajet… après une heure, ça commence déjà. La route est effondrée… Tout le monde s’arrête et nous observons au loin les bulldozers qui se dépêchent de refaire un bout de route praticable. Après 2h d’attente, notre bus-camion tente le passage et y parvient… heureusement pour nous !!!!

La route est incroyable, magnifique que de traverser ces villages, les paysages sont fantastiques, mais le trajet est long et poussiéreux. Nous traversons à plusieurs reprises des rivières car la route n’est pas terminée. Notre bus-camion a tendance à s’arrêter tous les 10 kilomètres et le voyage qui devait durer 6h a finalement pris 11h30… Un chouette moment tout de même pour nous qui adorons ce genre d’aventure.

Commentaires fermés